Les plus courtes sont les meilleures…

Voilà, c’est la fin.
On ferme.
Vous, nos plus fidèles clients, qui suivez nos productions depuis des mois, voire depuis le début, vous avez sans doute senti le vent tourner.
Karim Berrouka laissait entendre que cette fin approchait, dans un récent interview (in Les ballons dirigeables rêvent-ils de poupées gonflables ?, p.235, éditions Les 3 souhaits) : « Par moments, j’ai des baisses de tension. Je crois que la souffrance qu’implique la création commence à impacter sérieusement mes facultés mentales. »
Voilà déjà un moment que le rendement périclite et certains jours, même, se tarit. Cela tient autant au manque d’inspiration qu’à la lassitude devant l’harassante tâche qui consiste à écrire, encore et encore, sur des thèmes que nous nous sommes nous-mêmes imposés, en bons sado-masos. Il faut bien le dire, nous avons perdu la microflamme sacrée qui nous permettait d’allumer nos nanofourneaux et dans la même foulée nos macrocigares de patrons…
Et puis… il y a la déception. Benoît Yap y croyait, il se voyait déjà en haut de l’affiche, en produisant jour et nuit des micronouvelles dans un atelier clandestin, en attendant un jour de pouvoir les publier, sans arriver à rencontrer l’éditeur de ses rêves… et le succès escompté. C’est vrai que le fait de ne pas avoir emporté le prix des Imaginales 2012 dans la section prix spécial a été un coup dur pour nous trois, qui croyions alors que les short short stories pouvaient changer la face de la littérature moderne (qui a bien besoin d’un ravalement, soit dit en passant).
Enfin, nous nous retrouvons tous les trois avec un planning très chargé, qui ne nous permet plus de maintenir un rythme de production suffisant pour être crédible en tant qu’écrivain de microfictions. Karim Berrouka est pressenti pour être le nègre d’un des plus grands auteurs de science-fiction français (B.W. pour ne pas dire son nom), on croise les doigts pour lui. Benoît Yap travaille avec acharnement sur son recueil de nouvelles humoristico-fantastico-policières et Jacques Fuentealba va se lancer dans la rédaction de Sur les traces de Don Quichotte pour Les Moutons Électriques. Il comptait au départ faire ça de chez lui, mais il s’est rendu compte que Google Streetview ne suffirait pas. Il lui faudra aller en Espagne…
Nous avions un temps envisagé que d’autres auteurs reprennent la Fabrique de Littérature. Un triumvirat de plumes ayant déjà officiés ici nous semblant le plus adapté à sauvegarder les valeurs de l’entreprise, nous avons donc contacté trois Employés du Mois francophones : Olivier Gechter, Timothée Rey et Nathalie Dau. Si cette dernière était partante pour la reprise, Timothée resta injoignable (il est quelque part sur une île polynésienne, coupée de la civilisation) et Olivier Gechter nous fit comprendre à mi-mots que la fermeture d’une usine à gaz concurrente du Bulletin de l’Insondable l’arrangeait plutôt.
Est-ce à dire que nous n’écrirons plus de micronouvelles ?
Rien n’est moins sûr. On prépare, tous les trois, avec Mathieu Coudray, une exposition pour début 2014, un peu dans la même idée que Les Sombres Romantiques. À partir d’illustrations de Mathieu, nous écrirons des micronouvelles.
Pour finir, sachez que l’on organise un pot de départ avant fermeture chez Habibi (rue Traversière), le vendredi 7 juin à partir de 19h. On aura, pour fêter dignement l’événement, notre premier tirage de FabLiMi l’an 1, qui reprend toutes nos micronouvelles parues ici entre le 1 mai 2011 et le 30 avril 2012. À bon entendeur…

La Direction
(Karim Berrouka, Jacques Fuentealba & Benoît Yap)


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